Quels sont les bienfaits de l’hypnose pour votre carrière artistique ? La réponse avec Kevin Finel, praticien en hypnose à l’affiche de l’évènement « Expériences Extraordinaires » au Grand Rex
Quels sont les bienfaits de l’hypnose pour votre carrière artistique ? La réponse avec Kevin Finel, praticien en hypnose à l’affiche de l’évènement « Expériences Extraordinaires » au Grand Rex
L’hypnose fascine autant qu’elle suscite de la curiosité, notamment depuis sa grande médiatisation avec « Stars sous hypnose » sur TF1. Mais en quoi cela consiste réellement ? L'équipe de Casting.Fr est partie à la rencontre de Kevin Finel, praticien en hypnose. Le spécialiste de la discipline vous dit tout sur les bienfaits de l'hypnose pour mener à bien votre carrière artistique.
Kevin Finel bonjour et merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Vous exercez une profession plutôt insolite : praticien en hypnose. En quoi ça consiste ?
K.F : Être praticien en hypnose, ça consiste à utiliser un mécanisme qui est l’hypnose, et qui permet de modifier les états de conscience dans le cadre de l’accompagnement personnel. Cet accompagnement va de la thérapie au coaching. La thérapie concerne le travail sur les émotions, les fonctionnements humains, les changements de comportement… Le coaching, c’est plutôt la partie amélioration personnelle. Améliorer des qualités comme la concentration, la mémorisation, la motivation… Il y a plusieurs métiers dans tout ce panel d’accompagnement, dont les praticiens en hypnose. Ils sont les spécialistes de l’accompagnement au changement.
Comment se forme-t-on ? Est-ce un don ? Quelles sont les qualités requises ?
K.F : Il n’y a aucun don à l’hypnose. Cela fait 100 ans que l’on fait de la recherche scientifique sur le sujet. C’est d’ailleurs le sujet le plus étudié en psychothérapie, puisqu’on a plus de 14000 articles scientifiques publiés sur la question. C’est une littérature très dense qui a permis de comprendre les utilités de l’hypnose. C’est quelque chose qui s’apprend. Ce sont des techniques de communication avant tout. On a besoin de comprendre comment la personne et le cerveau fonctionnent. Aujourd’hui, l’hypnose est étayée par tout ce qui est psychologie cognitive et les neurosciences, qui ont vraiment beaucoup apporté à l’hypnose depuis une cinquantaine d’années. N’importe qui peut apprendre comme on peut apprendre à jouer du piano. Maintenant, dès qu’on fait de l’hypnose d’accompagnement et qu’on va sur un terrain d’accompagnement, ça demande d’être également formé à la psychopathologie et aux théories psychologiques qui permettent de travailler de manière saine et éthique avec quelqu’un. Mon métier, c’est aussi de former des gens. Je dirige une école d’hypnose où des personnes viennent apprendre ce métier. Il y a tout un champ d’application et différentes spécialités, puisque certains sont orientés vers le travail sur les émotions fortes et les traumatismes. D’autres sont spécialisés dans l’accompagnement à la performance avec les sportifs de haut niveau ou des artistes pour la créativité.
On vous retrouvera sur la scène du Grand Rex lors de l’évènement « Expériences extraordinaires ». Vous allez hypnotiser des spectateurs. Est-ce que tout le monde est récéptif à l'hypnose ?
K.F : La question de la réceptivité à l’hypnose est une fausse question. Ça fait longtemps que la science a tranché là-dessus. L’hypnose est un état naturel, et tout le monde peut le vivre. On ne vit pas tous la même chose, mais c’est comme au cinéma. On peut regarder un film et ne pas ressentir la même chose, mais ça ne veut pas dire qu’on n’est pas sensible. C’est important de poser ça parce qu’il y a encore ce mythe. On ne choisit pas les gens pour les expériences. En thérapie, on ne choisit pas les gens qui viennent nous voir. Au Grand Rex, ça va être une expérience collective. J’aimerais proposer aux personnes qui le souhaitent de vivre une expérience qui va leur permettre à la fois de prendre contact avec une part inconsciente d’eux-mêmes. C’est une très belle expérience qui ressemble à l’expérience artistique quand on est dans des états d’inspiration ou d’hypercréativité. On va se servir de ce contact pour explorer et mieux comprendre ce qu’il se passe à l’intérieur de chacun. L’idée sera de vivre une expérience à la fois belle et utile.
Quels sont les bienfaits de l’hypnose ?
K.F : L’hypnose permet de travailler sur trois grands axes. Le premier axe concerne tout le travail personnel, qu’on pourrait qualifier de « psychothérapie » même si je prends ce mot avec des guillemets. C’est le travail sur notre histoire de vie, nos émotions, nos épisodes de vie difficiles, tout ce qui nous encombre et qu’on va pouvoir soulager. Ça vient soulager le stress, l’anxiété, libérer des gens de leurs émotions. Ensuite vient le travail comportemental, qui consiste à changer des comportements. C’est ce qui fait que l’hypnose est assez connue pour le travail sur les compulsions et les addictions. Quelqu’un qui se ronge les ongles, qui fume… tous ces comportements se modifient assez facilement avec l’hypnose. Elle permet une sorte de souplesse psychique et de travailler sur ce qu’il y a derrière les comportements (les peurs, les besoins) pour les déraciner en profondeur. Finalement, il y a le développement des capacités. L’hypnose permet de travailler sur nos fonctionnements internets pour les optimiser et les améliorer. C’est assez connu pour le travail sur la gestion de la douleur. On peut aussi travailler sur l’inverse, l’hyperesthésie, pour mieux ressentir.
Et pour les artistes ?
K.F : Pour les artistes, on peut travailler sur la suspension du jugement, pour libérer la créativité. On peut aussi travailler sur la connexion et les parties créatives. Il faut savoir que dans l’histoire, tous les grands mouvements créatifs ont été accolés à un travail sur les états de conscience modifiés. L’Art nouveau est né à Nancy, et il est lié à l’École de Nancy. Tous les artistes venaient se faire hypnotiser par les grands hypnotiseurs de l’époque tels que Bernheim ou Émile Coué. Le surréalisme est aussi né avec l’hypnose aussi, avec des techniques d’écritures automatiques mais aussi basées sur l’hypnose. La musique moderne est liée à l’exploration des psychotropes dans les années 1960-1970. Évidemment, c’est un autre moyen de modifier son état de conscience. Aujourd’hui, on s’aperçoit que beaucoup d’artistes travaillent avec la méditation et l’autohypnose. Ce n’est pas pour rien. Ça vient stimuler la créativité. De tout temps, l’histoire de l’art est liée aux états de conscience. Ce sont des histoires tellement communes qu’il est parfois difficile de les dissocier. Aujourd’hui, beaucoup d’acteurs, de compositeurs, de peintres, d’écrivains, travaillent avec des hypnotiseurs pour stimuler leur expérience. Pour le stress, c’est plutôt une bonne émotion, il faut simplement apprendre à l’apprivoiser. Quand on le transforme en une pulsion créative, quelque chose qui va nous enthousiasmer, nous aider à jouer, ça peut être bien.
L’hypnose prend de plus en plus de place dans le milieu de l’audiovisuel, on le voit notamment avec des émissions comme « Stars sous hypnose » sur TF1. Qu’en pensez-vous ?
K.F : Pour moi, ce n’est pas de l’hypnose mais de la magie. C’est un problème parce qu’on utilise le mot hypnose pour des choses différentes. Ce qu’on voit à la télévision, c’est rarement de l’hypnose. Messmer n’est pas un bon hypnotiseur mais c’est un très bon showman avec des complices et une mise en scène. Dans un spectacle de mentalisme, par exemple, le mentaliste ne lit pas dans vos pensées. C’est truqué, et parfois, le trucage est simplement technologique. Vous allez dessiner quelque chose sur un papier et lui va le trouver en vous faisant croire qu’il est dans ses pensées. C’est de la magie. On se doute bien que c’est de la magie et que les mentalistes n’ont pas de dons ou ne sont pas des médiums. En général, ils participent même au démasquage de médiums. Le problème c’est qu’avec l’hypnose, une confusion est entretenue. Certains disent qu’ils ont un pouvoir de fascination alors qu’en fait, on est dans du trucage assez grossier en général. Cette hypnose là est souvent très loin de l’hypnose que l’on pratique vraiment. C’est un peu comme si on demandait à un cuisinier ce qu’il pensait de McDonald’s. Évidemment, il se demanderait si c’est de la cuisine. L’hypnose de spectacle fait beaucoup de mal à l’hypnose alors qu’il y a beaucoup de recherches et des bienfaits. Ces émissions masquent ces réalités et freinent le développement du grand public. Mais à part cela, c’est du bon divertissement. J’aimerais juste qu’on appelle cela autrement et qu’on appelle ça de la magie.
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