Vous souhaitez inscrire votre enfant dans une agence de mannequins ? Sébastien Helouin, booker de l'agence Des Filles et Des Garçons, répond aux questions les plus posées par les parents

Votre enfant peut lui aussi devenir l'égérie d'une grande marque comme Zara, Dior ou Lacoste. Comment ? En passant par des agences de mannequins comme Des Filles et Des Garçons. Mais quel est le rôle de l'agent ? Comment gérer la scolarité de son enfant tout en décrochant des castings ? Et la rémunération ? Sébastien Helouin, bookeur dans l'agence, vous dévoile ce qu'il faut impérativement savoir pour guider votre enfant dans son cheminement artistique.

Sébastien Helouin, comment devient-on agent ? Y a-t-il un parcours type ?

S.H : Je suis arrivé dans le milieu des agences de mannequin par hasard, comme la plupart de ceux qui y travaillent. Il n’y a pas de
formation ou d’études pour être booker. Il faut juste avoir un œil artistique,  un sens commercial, être organisé et passionné par ce qu'on fait. J’ai initialement une formation d’infographiste et j’ai été embauché en tant que tel dans une agence de mannequins. Peu de temps après, j’ai demandé à intégrer l’équipe du booking en tant qu'assistant. 3 ans après, j’ai été sollicité pour m’occuper d’une agence enfant et j’ai sauté sur l’occasion. 16 ans plus tard, j'aime toujours autant ce que je fais.
 
Expliquez-nous concrètement en quoi consiste votre métier.
 
S.H : Mon métier consiste à répondre aux demandes de castings lancés par les marques ou par les directeurs de castings. Pour cela je dois comprendre et cibler leurs attentes avec des profils intéressants et pointus à leur proposer. Cela passe par un bon recrutement de mannequins.
 
Il existe aujourd’hui de nombreuses agences de mannequins pour enfants. En quoi Des filles et des garçons se distingue des autres agences ?
 
S.H : Chez DFDG, nous préférons être qualitatifs plutôt que quantitatifs. Il est important pour nous de pouvoir connaitre les enfants que nous représentons afin qu’ils ne soient pas de simples noms dans un fichier. De ce fait, cela nous permet de les revoir chaque année à l’agence pour refaire leurs photos et voir leur évolution. Certains enfants qui n’étaient pas prêts car trop jeunes quand on les avait rencontrés, se révèlent être des pépites un an plus tard. D’autres qui étaient très à l'aise étant petits perdent de leur spontanéité avec l’arrivée de l’adolescence. Par exemple, il est important de proposer sur un casting de film ou pub à des enfants à l’aise ! Pour cela il faut les connaitre. Proposer un enfant timide sur ce genre de projet parce qu’on ne le connaît pas, c’est une perte de temps pour tout le monde. Le directeur de casting perd un rendez-vous et les parents se seront déplacés pour rien….. Nous avons à cœur de travailler dans ce sens et avec cette strategie qui est la nôtre.

Quels profils recherchez-vous dans votre agence ?

S.H : Avant toute chose et c'est très important, il faut que les enfants aient envie de pratiquer cette activité. Sinon ce serait comme les
inscrire au foot alors qu'ils n'aiment pas ça. Cela n'aurait aucun intérêt. Il faut que leurs parents leur expliquent en quoi consiste un casting : essayer des vêtements, jouer un rôle pour un film pub, pour des céréales, en y mettant l'intonation.... Et pour que ce soit plus concret, leur montrer des campagnes photos ou des films pubs qu'ils peuvent trouver sur notre site Internet. Nous recherchons surtout des profils qui retiennent l’attention ! Il nous faut donc des enfants qui se démarquent les uns des autres. La beauté n'étant que subjective, ça passe de la bouille d’ange à tête la canaille. Toutes les caractéristiques physiques et particulières sont intéressantes pour une agence. Les roux, les jumeaux, les coiffures afro ou surfer sont des profils atypiques et assez demandés
 
Comment envoyer une bonne candidature ?

S.H : Cela passe par des photos simples mais efficaces, prises exprès pour nous afin que nous puissions nous faire une vraie idée du profil de l’enfant. Nous conseillons aux parents de faire leurs photos sur fond blanc, de se mettre à la hauteur de leur enfant pour les photographier et de nous proposer des portraits de face, avec et sans sourire, des profils face objectif et des plain pieds. Penser au style aussi, c’est très important. Jean, t-shirt et basket sont des basics indémodables. Ébouriffer les cheveux des garçons et laisser les cheveux détachés aux filles afin qu’on puisse voir leur longueur.

À l’inverse, quelles sont les erreurs à éviter lorsqu’on candidate pour intégrer une agence de mannequins ?

S.H : Très souvent les parents oublient qu’ils proposent leurs enfants à des gens qui ne les ont jamais vus. Il est fréquent que nous recevions des photos d'enfants prises de dos, de loin dans la rue, à la mer avec le soleil dans les yeux ou au ski avecle casque sur la tete et les lunettes de soleil sur le nez. Malheureusement elles ne nous permettent pas de voir le potentiel de l'enfant. Également, les photos style mini miss sont à éviter. Les enfants sont moins soucieux de leur apparence que les adultes. Pourquoi vouloir changer cela ?
 
Le travail des mineurs est très réglementé en France. Quelle est la règlementation concernant les enfants ?

S.H : Il y a effectivement toute une législation à appliquer et à respecter. Légalement un enfant ne peut être inscrit qu'à partir de l’âge de 3 mois. Les enfants ne peuvent passer des castings et travailler que les mercredis et samedi (sauf s'ils ont école le matin). Il est strictement interdit de leur faire manquer l'école, même s'il n'a que 2 heures de sport ce jour-là. Pendant les vacances scolaires, ils peuvent travailler tous les jours (sauf le dimanche et jours feriés). Il y a un temps de travail et des temps de pause à respecter, par jour et par semaine. L'argent que gagnent les enfants est bloqué jusqu'à leur majorité, sur un compte à la caisse des dépôts et consignation.

Parlons maintenant des castings. Comment gérer son trac, son stress, lorsqu’on est enfant et qu’on passe ses premiers castings ?

S.H : Aucun mannequin ne rate son casting. Il n';a juste pas été retenu sur le projet pour différentes raisons qui ne sont pas liées à ce qu'il a pu dire ou faire, et c’est là que les parents ont un rôle à jouer auprès de leur enfant. Ils doivent leur expliquer que c'est comme un jeu et qu'il n'y a ni gagnant, ni perdant ! Ce n’est que partie remise. Le stress passe très vite chez les enfants car généralement les directeurs de castings les mettent à l'aise. Les parents sont généralement plus stressés que leur enfant. Au bout du 2ème ou 3ème casting, les enfants ont compris pourquoi ils sont là et ce qu'on attend d'eux. Ils savent que ce n'est pas une visite chez le dentiste ou dans le bureau de la directrice donc ils y vont sans plus d’appréhension. Pour les ados, je leur conseille toujours d'être eux même car c'est au final la seule chose qu'ils pourront proposer. Eux et ce qu'ils sont dans leur ensemble. Je leur explique qu'ils sont uniques et que la personne qui passera le casting avant eux ou après eux sera physiquement et personnellement différent. J’insiste sur le fait qu'ils doivent garder leur franc parler en utilisant leurs mots à eux (dans la limite du respectueux bien sûr). S'ils veulent dire "salut" au lieu de "bonjour", qu'ils n'hésitent pas. Quand ils se présentent et parlent d'eux à un directeur de casting en disant par exemple "cela va faire 3 ans que je fais du
basket", je leur explique qu'ils faussent leur personnalité en voulant bien faire.

Comment les parents peuvent-ils contribuer au bon déroulement du casting de leur enfant ?

S.H : À part quand ils sont bébés et ne savent pas parler, les parents doivent laisser leurs enfants passer leur casting. Un casting, c'est un entretien d'embauche. Si j'accompagne un ami sur un entretien d'embauche et que je réponds à sa place aux questions que lui pose son futur employeur, ça va paraitre un peu étrange..... Les enfants savent s'exprimer, il faut les laisser faire. Trop les préparer va enlever de leur spontanéité. Passer des castings est un très bon exercice. Ça permet à certain de s'ouvrir un peu plus et de gagner en confiance. 

Un conseil pour les parents et leurs enfants inscrits sur Casting.fr ?

S.H : Il faut tenter sa chance mais de façon détachée, sans rien en attendre. La vraie vie d'un enfant, c'est sa famille, ses copains, les jeux, les bêtises... Le mannequinat est une activité comme faire de la danse ou du foot. Si un enfant est retenu sur un shooting ou sur un tournage c'est une belle expérience à vivre. Ça permet aux enfants et aux parents de voir comment ça se passe avec tout le travail en amont qu'il y a autour (équipe technique, photographe, collections de vêtements etc...). Lorsque les photos ou le film sortent, tout le monde est fier et content. Ça fait de bons souvenirs à garder et des dossiers à ressortir plus tard !

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