“Je ne me base pas uniquement sur des critères physiques” : Téhé Oula, fondateur de la marque de bijoux Goldaia, vous donne les clés pour devenir modèle et égérie
“Je ne me base pas uniquement sur des critères physiques” : Téhé Oula, fondateur de la marque de bijoux Goldaia, vous donne les clés pour devenir modèle et égérie
Au détour d’une annonce de casting publiée sur Casting.fr pour rechercher la prochaine égérie de sa marque, son profil nous a étonné. Téhé Oula, prédestiné à une carrière dans le football, a finalement suivi sa première passion : la joaillerie. Créateur, designer, et chef d’entreprise avant-gardiste, il recherche fréquemment des modèles pour incarner les valeurs de sa marque. Comment passer un casting pour une grande marque de joaillerie ? Quels sont ses critères ? La réponse dans cet entretien exclusif.
Bonjour Téhé et merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Présente-toi.
T.O : Je suis Téhé Oula, j’ai 35 ans et je suis le fondateur, designer et créateur de la marque Goldaia. C’est une marque de bijoux fantaisie haut de gamme française issue de la culture hip-hop et qui incite à l'entrepreneuriat, à en devenir une marque de joaillerie en fin d'année.
À la base, tu étais footballeur. Pourquoi une telle reconversion professionnelle ?
T.O : J'étais stagiaire au centre de formation du Havre. Je me suis très vite rendu compte que ce n'était pas ce qui me faisait vibrer. J'ai donc écouté mon intuition et je me suis mis dans ma première passion: la mode. J'ai toujours aimé dessiner. J’ai lancé mes premières collections à l'âge de 15 ans. Chaque année, je sortais des collections que je vendais dans la rue, dans des collèges, des lycées. Au bout de sept ans, j’ai organisé mon premier défilé de mode, et donc mon premier casting. J'avais très peur que personne ne se présente le jour J, mais ça s'est bien passé. Après ces années de textile, une passion s'est rallumée en moi. Je voulais rentrer dans le monde de la joaillerie. J’ai fait la rencontre d'un joaillier, qui m’a emmené dans ce monde.
Parle-nous de ce premier casting. En quoi consistait-il ?
T.O : Je devais chercher onze modèles femmes et hommes pour défiler avec toutes les créations que j'avais créées. J'ai fait un casting dans le 92. On a reçu une cinquantaine de modèles en physique. C’était la première fois que je devais évaluer des modèles qui seraient susceptibles de représenter ma collection comme il se doit. J'avais 21 ans. J’étais accompagné de Jean-Michel Roch. C’est un directeur artistique qui entraîne les modèles à marcher sur le podium.
D’où vient cette passion pour la mode ? De ta famille ? Tu avais une icône ?
T.O : Je suis le seul de ma famille à m’intéresser à la mode. Par contre, j’avais des icônes, notamment Karl Lagerfeld et Yves Saint Laurent. Je regardais aussi beaucoup de clips de rap pour voir comment les rappeurs étaient habillés. Je pense que mon goût pour le design du textile vient de là. J’ai commencé à designer des t-shirts pour ressembler aux rappeurs qui étaient sur nos écrans.
Alors, plutôt bijoux ou vêtements ?
T.O : Honnêtement, je préfère le bijou. Je regardais souvent les artistes, et je me suis rendu compte que je regardais beaucoup plus comment ils portaient des accessoires que les tenues en elles-mêmes. En général, on va plus vers le textile, donc je me suis dit que c’était le moment de sortir des schémas classiques. Le bijou, c’est de la transmission, mais c’est aussi ce que l’on met sur la tête du roi. C’est un investissement. Quand on rentre dans la joaillerie, on achète un bijou mais aussi une histoire. On peut également investir son argent. Ce sont des valeurs nobles qui traversent le temps.
Tu as fondé ta propre marque de bijoux. Parle-nous de Goldaia.
T.O : À la base, je suis très introverti. À travers cette marque, j'ai trouvé un moyen de m'exprimer et de faire passer des émotions à travers mes créations. J’avais beaucoup d'idées en tête que je n'arrivais pas à retrouver dans certains magasins. Plutôt que d'attendre que ce modèle imaginaire existe en vrai, j’ai commencé à les créer. J’ai voulu créer une maison de joaillerie nouvelle génération, beaucoup plus dynamique et avec les codes d’aujourd’hui. Elle inclut toutes les valeurs qui ont fait l’homme que je suis aujourd’hui et que je n’arrivais pas à retrouver dans d’autres maisons.
En tant que fondateur de la marque, quelles sont tes missions ?
T.O : J’imagine tous les modèles. J’aime designer et faire des croquis. J’ai toute une équipe avec moi. Balde Mussa est l’artisan joaillier, Céline Fara est gouacheuse, François-Xavier est photographe spécialisé dans le bijou, Min’sal est lapidaire, Rikiel est gouacheur et illustrateur et Esteban crée des écrins sur-mesure en cuir. Mon rôle est d'imaginer la pièce et de coordonner toute cette équipe pour arriver à un résultat final.
Les campagnes publicitaires sont très importantes pour une marque comme la tienne. Comment trouves-tu les modèles qui vont porter tes bijoux ?
T.O : En général, je fais 2 à 3 campagnes par an. J'ai vraiment travaillé sur l'inclusivité, l'attitude et le charisme que le modèle peut dégager. Je ne me suis pas basé uniquement sur des critères physiques, mais aussi sur des critères de comportement, comment le modèle s’exprime et se tient. Il y a aussi la valeur humaine, la relation qu'on peut avoir avec le modèle le jour du shooting et des castings. Toutes ces valeurs me font dire si un modèle peut représenter la marque et le bijou. Je pars du principe que chaque personne a un rêve. Le but de la marque est de comprendre comment, à travers l'étoile de Goldaia, tu peux découvrir tes qualités pour ensuite les faire briller. Les normes standards du mannequinat ont sauté, mais les normes humaines prennent plus de place.
C’est quoi un casting type chez Goldaia ?
T.O : La première étape est de postuler. On demande les informations standards, à savoir les coordonnées et les mensurations. Il y a aussi une question très importante qui est “Pourquoi Goldaia ?”. La réponse joue beaucoup dans le critère de sélection. On recherche des personnes investies, et qui ne cherchent pas juste à venir poser et partir. Tous les modèles ont une réponse par mail. Parfois, on organise des castings en physique. Dans ce cas-là, on donne une date et on décore un lieu pour être à l’image de la marque. On essaye de créer une ambiance décontractée, parce qu’en général, certains modèles sont stressés. Quand on est stressé, on n'arrive pas à donner le meilleur de soi-même. On essaye donc de temporiser pour avoir une bonne ambiance.
Que demandes-tu aux modèles lors d’un casting en physique ?
T.O : Premièrement, de se présenter. Ensuite, je leur demande d'avoir un jeu d'acteur devant la caméra. Mon photographe Romain Le Roux est présent, et on fait des photos pola avec quelques poses afin de voir comment le modèle se comporte devant l’objectif.
Faut-il obligatoirement avoir déjà fait des shootings et être reconnu dans le métier pour être modèle Goldaia ?
T.O : Je ne regarde pas forcément la popularité du modèle. Je peux prendre une personne qui a 200 followers comme 2000. Mon but est de le placer dans un magazine de joaillerie ou de mode. Faire une campagne Goldaia, c’est avoir l’opportunité d’être des galas, des magazines et des évènements pour pouvoir être repéré par des grandes marques. Certains anciens modèles avaient peu de followers, mais le fait de travailler avec nous leur a ouvert des portes. Aujourd’hui, ils sont égéries pour de très grandes maisons.
Un conseil pour tous les artistes qui veulent se lancer dans une carrière artistique et réussir leurs castings ?
T.O : J’ai une citation qui dit “entre ciel et terre, tous les rêves sont permis. Il n'y a pas de plus grand luxe que de croire en vous-même et en vos projets”. Ton mental sera ton meilleur allié. Il faut accepter le processus d'évolution. Le mannequinat a un côté entrepreneurial parce qu'on doit chercher des castings, se présenter, échouer et réussir. Même si on a l'impression qu'aujourd'hui tout doit aller très vite et qu'on doit tout obtenir du jour au lendemain, il faut être résilient et ne pas perdre espoir face à l’échec. Ça fait partie du chemin.