Le cinéma comme moyen d’insertion sociale : Rencontre avec les fondateurs du collectif Inspi
Le cinéma comme moyen d’insertion sociale : Rencontre avec les fondateurs du collectif Inspi
2021, Garges-lès-Gonesse. Trois jeunes hommes, Baboye, Ali et Samba, décident de réaliser un court-métrage sur le thème des rixes urbaines. 179.000 vues sur YouTube plus tard, le trio, devenu un collectif, forme désormais les jeunes aux métiers du cinéma. Une initiative qui valorise la sensibilisation, l'insertion sociale et la formation. Rencontre avec les fondateurs du collectif Inspi.
Qu’est-ce qui vous à inspiré pour la création du collectif Inspi ?
On a créé le collectif il y a quatre ans et demi. À la base, le but de ce projet était simplement de faire un court-métrage. On voulait réaliser un projet un peu plus artistique, en se concentrant sur des thèmes qui reviennent souvent chez nous, à Garges-lès-Gonesse. On a donc réalisé un court-métrage qui s'appelle “La Ruche”. C'est un court-métrage qui a pour but de sensibiliser les jeunes aux embrouilles entre quartiers. Après avoir réalisé ce premier projet, on s'est rendu compte qu'il y avait un vrai engouement pour tout ce qui touche à l'audiovisuel : la préparation des acteurs, la réalisation, et tout ce qui va avec. On a donc décidé de continuer en lançant des séances hebdomadaires, qui se poursuivent encore aujourd'hui.
Que proposez-vous aujourd’hui avec ce collectif ?
Il existe plusieurs catégories, à partir de 13 ans. En fonction des groupes, on enseigne différentes compétences : de l'acting à la réalisation, du montage à l'écriture. Tout ce qui touche à l'audiovisuel, en somme. L'objectif est vraiment de former les jeunes, et même les moins jeunes, aux métiers de l'audiovisuel. On veut leur montrer que chacun peut s'approprier le cinéma, en racontant des histoires qui leur sont propres. On veut leur faire comprendre qu'ils peuvent puiser leur inspiration dans leur quotidien, dans ce qu'ils voient autour d'eux, dans la rue, et dans leur vie de tous les jours.
Vous proposez des stages comme des formations ? Quelle est la différence ?
Les formations s'étalent sur une saison qui commence en septembre et se termine en juin. Elles coûtent une adhésion de 70€ pour l'année, ce qui permet aux participants d'accéder à un atelier par semaine jusqu'à la fin de la saison. Que ce soit pour les acteurs, les réalisateurs ou les scénaristes, nous avons des formateurs expérimentés qui animent des séances chaque semaine. Les stages, c’est lors de certaines périodes de l'année et surtout pendant les vacances scolaires où on fait du spécifique sur certains corps de métiers, par exemple le son, le cadrage ou alors le jeu d’acteur. C’est une semaine de stage où on va se concentrer uniquement sur cet aspect-là du jeu ou de la réalisation.
Quelles sont les principales compétences que les jeunes peuvent acquérir pendant ces formations ?
L'objectif est de pouvoir accompagner les jeunes à raconter leurs histoires par le biais du film. On est là pour encadrer leur travail et leur permettre de pouvoir rédiger leurs histoires à travers un scénario qui est révisé par la suite par le formateur. Pour la réalisation, ils acquièrent des compétences en termes de cadrage, de son, de mixage... Et pour le côté acting, on travaille la prise de paroles pour les plus timides. Le but est de pouvoir permettre à chacun de raconter son histoire à travers l’acting ou la réalisation.
Avez-vous déjà observé des changements ou des évolutions concernant les jeunes qui ont participé à vos formations ?
Il y a un jeune qui avait intégré la formation l’année passé. Il n'était pas très fort en acting, mais au fil de l’année, il nous a beaucoup surpris. Il a beaucoup évolué et a pu intégrer un court-métrage en tant que second rôle cette année. On est aussi dans une démarche où on fait de l'insertion. L'objectif n'est pas de prendre uniquement les meilleurs et d'avancer avec eux. C'est aussi de pouvoir créer des vocations pour des jeunes qui n'ont pas forcément la possibilité de pouvoir se lancer dans le milieu de l'audiovisuel ou du cinéma. On est là pour les accompagner à se professionnaliser.
Comment voyez-vous l’Inspi évoluer lors des prochaines années ?
On est en pleine transition pour se transformer en école de cinéma pour donner des formations certifiées par l'État. L’objectif est de garder le côté associatif et d'insertion qu'on a actuellement, en essayant d'ouvrir le champ des possibles pour ceux qui veulent se lancer dans l'audiovisuel. Mais on veut aussi commencer à développer le côté école. On voudrait dispenser des formations avec un rythme plus soutenu, avec des jeunes qui vont vraiment se concentrer sur un corps de métier, que ce soit le cadrage, le mixage, ingénieur son, tout ce genre de métiers-là avec des formateur qu'on a déjà en interne.
Avez-vous des projets en dehors des formations avec ce collectif ?
Chaque année, en juin, on organise un festival de courts-métrages pour promouvoir les films qui viennent de la banlieue ou réalisés par des personnes qui en sont issues. L'idée est de donner la parole à tout le monde. On a été dans des festivals censés représenter des films de banlieue, mais on ne se reconnaissait pas du tout dans ce qui était projeté. Plutôt que de se plaindre, on a décidé de créer notre propre festival pour donner une vraie chance aux jeunes qui veulent réaliser des courts-métrages qui parlent des histoires de chez eux. Dans ce cadre-là, on est en train de préparer la 3e édition du Festival pour mettre en compétition des courts-métrages sur des thématiques engagées, et de pouvoir pousser les jeunes à créer toujours plus de courts-métrages et des histoires intéressantes.