Comment envoyer la candidature parfaite à une agence de mannequin ? Pierre Oliveri de l’agence Up Models vous répond !

Avec 25 ans d’expérience dans l’industrie de la mode, Pierre Oliveri, responsable commercial chez Up Models et DMG à Paris, partage son expertise pour vous guider dans vos premiers pas vers une carrière de mannequin. Quels outils envoyer pour intégrer une agence ? Comment se démarquer lors d’un casting ? Suivez le guide et découvrez tous les conseils d’un professionnel pour réussir votre entrée dans ce milieu si exigeant.

Selon vous, quels sont les outils indispensables à envoyer lorsqu’on souhaite intégrer une agence de mannequin ?  

P.O : Les choses ont beaucoup changé aujourd’hui. On reçoit beaucoup de demandes via Instagram, qui est devenu un outil majeur pour nous. Il y a aussi la possibilité de rencontrer directement les mannequins, qui se présentent alors eux-mêmes à l’agence en faisant une demande. Ensuite, il y a tout le réseau d’agences étrangères avec lesquelles nous travaillons. C’est souvent par ce biais qu’on nous présente des nouveaux mannequins qui ne sont pas encore représentés en France. 

Puisque vous parlez d’Instagram, quelle place occupent les réseaux sociaux dans une carrière de mannequin ?

P.O : Aujourd’hui, il est indispensable de passer par Instagram, d’abord parce qu’il y a une démarche naturelle des personnes qui souhaitent se présenter en agence, mais aussi parce que les clients et les photographes ont besoin de cette fenêtre sur Instagram. C’est un nouvel univers qui s’est créé et qui est désormais essentiel pour nous, car cela offre une visibilité plus large. Il y a un peu de tout, bien sûr. Certaines personnes pensent pouvoir devenir mannequin, mais le métier reste exigeant. On ne peut pas vraiment devenir mannequin si on mesure 1m60, ça reste compliqué. Les critères ont beaucoup évolué. Il y a quelques années, un mannequin mesurant 1m65 ou 1m66 se voyait immédiatement refusé, mais aujourd'hui, nous sommes devenus plus flexibles sur les critères physiques. Ce qui était un défaut auparavant devient maintenant une qualité. Par exemple, avoir de grandes oreilles ou des dents écartées peut désormais séduire certains publics, magazines, photographes ou créateurs, ce qui, il y a 15 ans, était souvent rejeté. Il y a une nouvelle demande qui s'est installée, aussi bien chez les clients que dans les supports commerciaux. Nous devons nous renouveler aussi. Les profils que nous représentions auparavant étaient surtout des femmes classiques et “belles” au sens traditionnel. Aujourd’hui, nous avons des départements qui sont un peu différents, renommés différemment, pour répondre aux attentes d'une nouvelle clientèle.

Comment envoyer sa candidature à une agence ? 

P.O : Il vous suffit de suivre toutes les étapes de la candidature en ligne. On vous demande une photo portrait, une photo en plein pied et une photo en maillot de bain. Ce sont ces images qui déterminent notre intérêt pour votre profil.

Ces photos doivent-elles forcément être professionnelles, c’est-à-dire prises en studio par un photographe ?

P.O : Pas nécessairement. On reçoit souvent des photos de filles en vacances, prises sur la plage par leurs amis. Parfois, on se dit que ce n’est pas très professionnel, mais en même temps, cela peut être intéressant. Dans ce cas, on se dit : « Voyons-nous, rencontrons-nous».

Qu’en est-il du maquillage et des bijoux ?

P.O : Le plus naturel possible, sans artifices, sans bijoux, sans maquillage. Quand on fait venir des mannequins à l’agence pour des polaroids, on leur demande de retirer le maquillage et les bijoux etc.

Vous avez récemment ouvert un pôle enfant dans votre agence. Qu’est-ce qui change par rapport aux mannequins adultes ? 

P.O : Il faut d'abord savoir gérer les parents, surtout quand il s'agit d'enfants, car c'est souvent le plus difficile. Ce n’est pas directement mon domaine, c’est Rosana qui s'occupe des enfants à l’agence, mais on entend souvent ses discussions avec les parents. Parfois, certains parents ont des attentes frustrées parce qu’ils n’ont pas réussi à percer dans ce milieu, et ils poussent alors leurs enfants à fond. Cela peut être délicat, surtout quand on sent que l'enfant n'est pas vraiment motivé ou qu’il est un peu fragile face à la pression. Il faut être réaliste et expliquer aux parents que si les enfants prennent plaisir à faire des photos, tant mieux, mais ce ne doit pas être une pression venant des parents eux-mêmes. Il est aussi important de rappeler aux parents qu’il faut éviter de poster trop de photos de leur enfant sur les réseaux sociaux, car il y a des dérives à ce niveau-là. Certaines personnes peuvent être mal intentionnées, et ces photos peuvent être exploitées de manière inappropriée. C’est une réalité qu’il faut prendre en compte. Par exemple, on n’est pas obligé de faire des photos d’enfants en maillot de bain sur la plage, il y a des limites à respecter, tant d’un point de vue moral que pratique. Au départ, la démarche vient toujours des parents, car nous commençons à travailler avec des enfants dès 6 mois ou 1 an. Ce sont eux qui gèrent la carrière de leurs enfants jusqu’à leur majorité. Une fois que les enfants deviennent majeurs, ils récupèrent l'intégralité de ce qu’ils ont gagné. L'argent est versé sur un compte à leur nom, pas sur celui des parents. Ainsi, nous pouvons gérer la carrière des enfants de manière professionnelle et respectueuse.

Y a-t-il une exclusivité une fois inscrit dans une agence de mannequin ?

P.O : On a une exclusivité. Normalement, les filles ont l'exclusivité d’agence pour chaque pays. Elles ont une agence pour chaque pays. Mais il y a des dérives. On se rend compte qu'il y a certaines filles qui s’inscrivent dans plusieurs agences, pensant que cela leur permettra d’avoir plus de travail. En réalité, c’est souvent plus compliqué. Les directeurs de casting se connaissent tous, et les boulots sont quasiment les mêmes d’une agence à l’autre. Certes, dans certaines grosses agences, elles auront peut-être plus de chances d’obtenir des campagnes de parfums, mais généralement, cela agace les directeurs de casting quand ils se rendent compte qu'une fille est inscrite dans 5 ou 6 agences. Cela dévalorise un peu la valeur du mannequin, donc je déconseille fortement cette pratique.

Un conseil pour les membres de Casting.fr ? 

P.O : Être réaliste avec soi-même est essentiel. La télé-réalité, qui fait maintenant partie de notre quotidien, nous montre parfois des personnalités qui ne sont pas nécessairement des mannequins. Le métier de mannequin, c’est un travail au quotidien, on ne le devient pas du jour au lendemain. Il faut être vigilant lors des rencontres et sur ce qu'on vous promet. Par exemple, on entend souvent des mannequins qui débarquent et disent : « J'ai fait un book avec un photographe. » Puis, quand on voit les photos, on se dit : « Ce n’est pas possible. » Et souvent, ils ajoutent : « Mais j’ai quand même payé 500 euros» . Il est important de souligner qu’on ne paie jamais pour faire des tests. Si vous entrez dans une agence, c’est l’agence qui prend en charge les tests. Elle met en place son réseau avec des photographes et des professionnels en qui elle a confiance, qui vont faire un test avec le mannequin. C’est l’agence qui investit sur le mannequin, donc c’est elle qui paie ces tests, pas le mannequin. Si vous tombez sur un photographe qui vous propose de faire un test pour 500 euros, fuyez. Ce genre de personne profite souvent de la naïveté des jeunes mannequins qui croient qu’avec quelques photos, elles pourront intégrer une agence. La meilleure manière d’intégrer une agence, c’est d’aller directement au sein de l’agence, de rencontrer les équipes et les bookers. Là, vous aurez un discours professionnel et on vous dira : « Oui, ton profil nous intéresse » ou bien « Non, il y a d’autres choses à faire dans la vie» . 

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