" Comédienne, je jouais avec un plaisir fou, les mots des autres." Aujourd'hui, nous avons un plaisir fou à lire les conseils de Wedia

" Comédienne, je jouais avec un plaisir fou, les mots des autres." Aujourd'hui, nous avons un plaisir fou à lire les conseils de Wedia

" Comédienne, je jouais avec un plaisir fou, les mots des autres." Aujourd'hui, nous avons un plaisir fou à lire les conseils de Wedia

Vous êtes aujourd’hui à l’affiche de votre spectacle  «  La femme tiroir », spectacle tiré de votre recueil de nouvelles paru en 2012. Comment s’est passé la décision du passage du littéraire à la scène ?

W : En fait… Je crois que ça s'est décidé sans moi… Comédienne, je jouais, avec un plaisir fou, les mots des autres. Et puis en 2012 la Mairie de Paris m'a demandé de faire une lecture de "La Femme Tiroir" pour la journée de la femme. La scène était grande, je ne m'imaginais pas y être seule, immobile, assise à un bureau (d'autant que j'écris pieds nus et souvent vautrée par terre !) J'ai donc invité des amis musiciens à dialoguer avec ma voix, créé une atmosphère, une mise en scène légère. Le succès a été tel que l'aventure était lancée. Les rencontres ont nourri ce projet et aujourd'hui "La Femme Tiroir" n'est plus une lecture mais un spectacle complet.

Vous avez reçu de nombreuses récompenses littéraires, parlez-nous de votre parcours. Avez-vous des projets d’écritures en cours ?

W : Dès que j'ai su écrire, j'ai écrit… Ecrire, comme jouer, m'est une nécessité. Il s'agit toujours du besoin de créer des mondes parallèles pour survivre à ce monde-ci. Longtemps mes textes d'adolescente sont restés cachés au fond de mes tiroirs (il y a toujours des histoires de tiroirs…) Puis j'avais finalement fait le grand saut, parce que je pensais que peut-être, cette fois, je tenais quelque chose. J'ai envoyé mes textes à différentes maisons d'édition dont j'aimais le travail. Sans aucun succès ! Et un été, je suis tombée sur l'annonce d'un concours de nouvelles, j'ai envoyé mon manuscrit. Les prix et récompenses ont été immédiats. C'étaient les premiers. Les publications ont commencé, puis les rencontres avec les éditeurs… Voilà, c'était arrivé, j'étais un écrivain publié !

Il y a eu "Le Paravent de Verre" puis "La Femme Tiroir", "La Femme Tiroir/In hotel rooms" (dont est tiré le spectacle) et l'actuel projet en cours a pour titre "Extérieur jour, Intérieur nuit."

Vous êtes également peintre, danseuse, chanteuse et comédienne. Avec « La femme tiroir » vous liez un peu toutes ces formes d’arts. Cela doit demander un travail énorme de préparation. Pouvez-vous nous raconter les répétitions et comment l’idée de la mise en scène du spectacle vous est venue ?

W : C'était… Très schizophrénique ! Mais j'ai pu m'appuyer sur une équipe merveilleuse et pleine de talents. Je suis seule en scène chaque soir mais douze personnes ont participé à l'élaboration de ce projet. Ils sont tous sur l'affiche. Notamment Margaux Rodrigues et Maxime Breteau avec qui nous avons créé les vidéos. Il y a eu de nombreuses étapes. Au départ, les répétitions ont eu lieu au Centre de Danse Chrysogone Diangouaya. Lui-même croyait si fort en ce projet qu'il m'a offert une résidence artistique pendant laquelle j'ai pu imaginer, rêver, expérimenter, tenter, inlassablement. C'était le moment d'une collaboration étroite avec la plasticienne Janique Bourget qui a créé les sculptures de papier qui sont mes délicats partenaires de scène. C'est de cette rencontre qu'est née ma mise en scène. Libérée de l'objet livre qu'impose la lecture, je voulais également libérer le personnage sans me donner de limites. A ce stade de l'aventure je me suis concentrée sur mon travail de metteur en scène pour dessiner l'ossature dans laquelle j'évoluerai en tant que comédienne et danseuse. La rencontre suivante a été celle avec Gaele Mésenge qui dirige l'Espace Gaele'M. Nouvelle résidence artistique, cette fois dans le lieu où nous allions jouer dès la rentrée. Gaele a accueilli l'aventure et le projet avec confiance et implication. Et cette fois, c'est Roxane Ouazana, assistante chorégraphe du projet qui était mon œil extérieur lorsque j'évoluais sur scène. Je citerai aussi Julie Taisson, Philippe Reyno, Aude Lefort, Aymeric Ouzet… C'est grâce au talent de chacun d'entre eux, à leur conviction, que la magie naît chaque soir. Pour en arriver là, il y a eu beaucoup de sueur et de rires, de silences, de tensions, de doutes et de plaisir fou !

Vous suivez un régime ou un entrainement particulier lors de projets comme celui-ci ?

W : Théoriquement je devrais dormir suffisamment et me nourrir comme un sportif. La réalité c'est que je suis traqueuse à mort alors je ne mange que quand mon estomac est d'accord. Après la scène, la décharge d'adrénaline, l'émotion, la fragilité sont telles qu'en dépit de l'absolue fatigue, l'envie de vivre intensément le reste de la nuit dépasse tout.

Mais barre au sol, pilates et Zumba font partie de mes routines hebdomadaires et je me fais vigoureusement masser régulièrement. Le Tui Na, massage ancestral chinois, est mon meilleur allié.

Dans votre spectacle vous abordez des sujets sérieux amenant à la réflexion comme : la ségrégation, la condition de la femme, la liberté aussi bien en tant que femme qu’en amour. A votre avis, quel est le meilleur moyen de sensibiliser un maximum de spectateur ? Quel est votre objectif final vis-à-vis d’eux ?

W : Quand j'ai créé "La Femme Tiroir", mon intention n'était pas de fabriquer un spectacle subversif. Je ne parlais que d'amour et de conquête de sa propre liberté. Il faut croire qu'aujourd'hui encore, aborder de tels thèmes lorsqu'on est femme secoue l'ordre silencieusement établit.

Quant à ma couleur de peau, elle n'est pas un sujet dans le spectacle. Mais elle est un fait dans la réalité. Je suis métisse. La danse classique et les flamboyants font partie de ma culture. Mais le tatouage sur ma cheville est Japonais…

Mais… Si ce spectacle-là, pour ces raisons-là secoue… Alors il est nécessaire. Alors je voudrais le rendre le plus visible possible, le plus longtemps possible. Jusqu'à ce que je ne sois considérée "que" comme une actrice. Et qu'une affiche avec des chaussons pointes aux pieds de jambes marrons ne pose plus question.

Avez-vous un domaine d’expression favori ? Ou est-ce le fait de tous les mixer ensemble qui vous plait le plus ?

W : Sur scène ou à l'image, je suis une actrice. Parfois une actrice qui danse ou qui chante mais une actrice. Il s'agit toujours de laisser un personnage s'incarner, dans mon corps, mon âme, ma voix. Le laisser agir, m'agir.

Quant à la peinture et l'écriture, c'est le domaine du silence. Comme actrice je m'expose et suis sujette au désir de l'autre, directeur de casting, metteur en scène, public. Dans la peinture et l'écriture c'est un autre tempo, une sauvagerie intime qui ne dépend pas de l'autre.

Alors, les deux me sont nécessaires, l'ombre et la lumière.

Quels sont vos projets d’avenir ?

W : En 2017, une tournée pour "La Femme Tiroir" et puis… Une série, du cinéma…

Quels conseils pourriez-vous donner à nos membres touchant un peu  à tout sans encore avoir de domaine de prédilection et ayant une envie immense de s’exprimer ?

W  : Oh… Je ne donnerai pas de conseil ! Je crois bien que les conseils ne servent à rien ou peut-être à n'être pas suivis. Mais je dirai que dans le brouhaha, il s'agit de découvrir puis d'écouter le son de sa propre voix…


Remporter vos invitation pour son spectacle " La femme tiroir " : http://bit.ly/2koTH7Q