L'acteur, metteur en scène & comédien Philippe CHUYEN nous présente la nouvelle édition de la pièce à succès "Les Pieds Tanqués"
L'acteur, metteur en scène & comédien Philippe CHUYEN nous présente la nouvelle édition de la pièce à succès "Les Pieds Tanqués"
Bonjour Philippe CHUYEN, comédien et metteur en scène, dans quel rôle êtes- vous le plus à l'aise ?
Comédien car c’est ce que j’ai toujours voulu faire ! Il se trouve qu’étant aussi souvent auteur des textes que je monte, la mise en scène est déjà bien établie dans ma tête et donc l’acte, à proprement parlé, de mettre en scène est déjà très avancé. Cela me permet souvent de jouer l’un de mes personnages… Tout cela est très centré sur moi, je le reconnais, mais que voulez vous les choses ont toujours procéder ainsi..
Mettre en scène vos propres textes, une évidence pour vous ?
Oui. Pour moi le théâtre est une manière totale de s’exprimer ; lorsque je pense à une pièce, sa situation, le lieu, le temps...tout cela s’élabore de concert avec l’histoire qui se construit et ce que disent les personnages. C’est une démarche globale comme un conteur qui donnerait les détails les plus infimes de son récit.
Comment devient-on metteur en scène, y a t il une formation pour ça ?
Je ne sais pas… je crois que l’envie de faire, le besoin de montrer, la nécessité de s’exprimer sur un sujet en particulier priment sur tout le reste. Il y a bien sûr des règles, mais ce métier mobilise un tel éventail de savoir-faire qu’une expérience préalable d’acteur, de régisseur lumière, vidéo ou son, de confection de costume n’est pas à négliger. Et puis du choix du texte à monter, aux choix des comédiens, jusqu’à savoir si l’espace doit être vide ou pas, si telle lumière sera plutôt froide au chaude. Ce sont des questions de goût, de style, qui seront la marque du metteur ou de la metteuse en scène.
L'écriture et la scène aujourd'hui, à quoi rêviez-vous petit ?
L’écriture des "Pieds Tanqués" a été pour moi un acte républicain. Le théâtre d’ailleurs est pour moi un acte républicain, car mes pièces interpellent souvent la mémoire des évènements. La mémoire est un objet de dissension, elle est souvent utilisée comme un prétexte de la guerre et du désaccord, de la haine. L’Histoire est sujette à interprétation car l’Histoire est une science qui à tout moment peut être remise en question. Les résurgences des mémoires de l’esclavage, récemment, à l’occasion des crimes de personnes noires en sont un bon exemple... La République face à cela doit apaiser, expliquer et réconcilier . C’est d’ailleurs le rôle du théâtre pour moi, apaiser et réconcilier par l’émerveillement, le rire ou la grâce. C’est d’ailleurs pour cela, pour sa fonction sociale, qu’il a été inventé par les Grecs, je pense, il y a 2500 ans.
Comment vous est venu l'idée de créer un spectacle autour de la guerre d’Algérie ?
Le 50ème anniversaire de l’indépendance en 2012 a été le déclencheur. Un pays qui était resté territoire français pendant 130 ans, et qui brutalement ne l’était plus, avec un peuple présent depuis plusieurs générations et dont beaucoup ne connaissaient pas la France métropolitaine, je trouvais ça énorme ! Le nœud que cela a pu représenter pour la France, pour sa grandeur passé, a été un séisme d’une violence qu’on a aujourd’hui du mal à mesurer… Et puis le fait de vivre en Provence, face à la méditerranée, dans une région pétrie de mémoires souvent lié à l’Algérie, mémoire de l’immigration, de communautés conflictuelles qui cohabitent et ne se parlent pas, de mondes parallèles qui se connaissent uniquement par la haine qu’ils se vouent. Je me suis dit qu’un acte théâtral pouvait rompre cela (le théâtre est aussi don quichottesque !). Et aussi pour les nouvelles générations, celles qui n’avaient pas connu cette époque, comment le théâtre pouvait combattre l’incompréhension, l’ignorance et se faire le médiateur d’un juste travail de mémoire. Et le résultat c’est une situation de jeu (la partie de pétanque) et des personnages aux formes comiques qui évoquent le tragique de la guerre d’Algérie, c’était assez inconscient quand j’y repense… et pourtant la mayonnaise a pris !
Parlez nous des quatres comédiens qui vous accompagnent sur le projet ?
Ce serait un peu long, mais les comédiens ont été choisis en fonction bien entendu de leur talent mais aussi par la proximité entre leur histoire personnelle et l’histoire des personnage qu’ils incarnent. Ça aide naturellement pour l’interprétation... Mais aussi sur la question des affinités entre chaque individualité. Des choses qui se sentent assez rapidement lors des premières rencontres… La réussite d’un spectacle est une aventure périlleuse, elle est la réussite d’un groupe de personnes. Si les individus d’un groupe, aussi talentueux soient-ils, se détestent, ils peuvent rapidement précipiter l’aventure dans le pire des cauchemars.
Quels conseils ou astuces auriez-vous à donner aux membres qui rêvent d'entamer une carrière artistique ?
Assumer ses différences et être soi-même ! Et puis le triptyque qui vaut pour toutes les disciplines : travail, persévérance et courage.
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Crédit Photo : Julien ANSELME