Du Jamel Comedy Club aux one man show : rencontre avec l'humoriste Dédo, à l'affiche du spectacle "Biafine" à l'Européen
Du Jamel Comedy Club aux one man show : rencontre avec l'humoriste Dédo, à l'affiche du spectacle "Biafine" à l'Européen
Bonjour Dédo. Votre carrière d'humoriste a débuté très jeune. D’où vient cette passion ?
D : L’humour est quelque chose qui m’a toujours attiré. Je suis de la génération qui a énormément aimé « Les nuls » et « Les Inconnus ». J’étais également très fan de Coluche et Desproges parce qu’il y avait des cassettes qui tournaient quand j’étais petit. Je pense que ça a été le premier détonateur de mon envie d’essayer de faire de la scène et de reproduire ce que j’avais pu voir, c’est-à-dire essayer de faire marrer les gens autour de soi pour ressentir ça.
Racontez-nous comment tout a commencé.
D : À la base, j’ai une formation de comédien classique. J’ai joué dans pas mal de pièces classiques ou des créations, mais j’avais envie de faire du stand up depuis l’âge de 19 ans. C’était une discipline qui n’était pas très connue en France, donc quand on arrivait avec cette forme humoristique, les gens étaient réticents. J’ai donc mis ça de côté pour faire du théâtre. Sur ma dernière pièce, j’ai eu l’occasion de nouer des liens avec le directeur. Un soir, il m’a laissé la salle gratuitement pour faire ce que je voulais. J’avais des amis en école de réalisation, donc j’ai pu jouer et capter mon premier spectacle et avoir quelque chose à montrer au cas où.
On vous a connu grâce au Jamel Comedy Club. Comment avez-vous été repéré ?
D : Un jour, j’ai rencontré Kader Aoun qui était le metteur en scène et co-auteur de Jamel Debbouze à l’époque. Je lui ai dit : « je joue sur Paris en ce moment, si tu peux venir c’est très bien, sinon je peux te faire parvenir quelque chose que j’ai filmé ». Il m’a donné son adresse et son numéro de téléphone, donc je lui ai envoyé une bande-annonce du spectacle avec des extraits d’environ 3 ou 4 minutes. Il m’a rappelé le lendemain en me disant que c’était super et que si quelque chose se mettait en place, il m’appellerait. Six mois après, il m’a appelé pour me proposer ce qui allait devenir le Jamel Comedy Club. La mise en lumière de mon travail par le biais de la télévision et de Canal + m’a permis plus facilement de pouvoir ensuite enchaîner et jouer trois spectacles.
Justement, parlez-nous de votre spectacle « Biafine » qui se joue à l’Européen le 28 février prochain.
D : Je fais en sorte à chaque fois de tester du matériel et de voir au fur et à mesure le fil rouge qui peut s’en dégager. Avec le recul, je me suis rendu compte que je parlais pas mal de collapsologie. Il y avait donc un constat assez pessimiste sur ce qu’il se passait, qui se termine malgré tout sur une note positive et encourageante. C’était aussi faire ce constat mais par d’autres biais, par exemple se rendre compte que l’humanité va mal parce qu’on en est arrivé à créer des bars à chats. Ça parle aussi d’expériences personnelles. Pour ceux qui veulent comprendre pourquoi le spectacle s’appelle « Biafine », c’est expliqué à la fin. Il faudra venir pour avoir la solution à cette petite énigme (rires).
Vous vous êtes donc inspiré de notre société actuelle et du monde dans lequel nous vivons ?
D : Exactement ! C’est malgré tout une sorte d’observation de choses qui ont pu, les unes à la suite des autres, se manifester et dégager une certaine couleur par rapport à ça. Maintenant, je ne suis pas bloqué que sur l’actualité. S’il y a des faits d’actualité importants, j’en parle quand ça prend une cohérence par rapport à la pertinence du fil rouge, mais je ne suis pas bloqué dessus. Ça peut être assez transversal dans les thématiques. On retrouve des expériences personnelles qui m’ont amenées à faire des constats sociologiques, ou bien juste rebondir sur des choses que j’ai pu entendre dans le mois et qui m’ont fait penser à quelque chose.
Comment vous préparez-vous avant un spectacle ? Vous retravaillez vos textes, votre voix, votre souffle ?
D : Non pas forcément. Après, on essaye toujours d’affiner ce qu’est le spectacle. Il y a une part d’improvisation parce que j’aime beaucoup poser des questions ouvertes aux gens, mais le squelette reste quand même assez inamovible. Par contre, il y a toujours certaines vannes qui changent et qui sont remplacées par d’autres. Le spectacle est toujours en mouvement, ce qui permet de garder de la fraîcheur. Je n’ai pas forcément de rituel particulier. Je ne suis pas du genre à me refaire tout le texte avant. Parfois, je me refais les idées principales du spectacle pour être sûr de ne rien oublier sur le canevas. Pour moi, le stand up ne nécessite pas forcément de faire de l’italienne contrairement au théâtre. Il faut surtout arriver le plus détendu possible, se souvenir de la trame narrative principale et être le plus sincère quand on s’adresse aux gens.
Vous parlez d’improvisation. La difficulté d’un stand up est qu’un humoriste dépend beaucoup du public. Comment gérez-vous les imprévus, si une vanne ne fonctionne pas ?
D : On assume tout ce qui se passe sur scène si jamais il y a des moments où quelque chose ne fonctionne pas. Il y a toujours des pirouettes pour faire en sorte que ça fonctionne malgré tout. Si jamais il y a des choses étranges qui se passent dans la salle, je refuse d’en faire abstraction. Je vais donc sauter sur tout ce qui peut se passer, que ce soit physique ou des réponses étranges. C’est toujours bienveillant, mais je ne cherche jamais à isoler le public. Pour moi, le public faire partie intégrante du spectacle. On s’adresse à lui et on casse le 4ème mur. C’est ce qui fait que le spectacle est différent d’un soir à l’autre.
D’après vous qui avez commencé votre carrière très tôt, où un jeune humoriste peut-il aller pour se lancer et faire du stand up ?
D : On vit dans une période où il y a énormément de comedy clubs présents à Paris, et ça se développe. Il y a la possibilité de participer à des scènes ouvertes et de pouvoir présenter un sketch et le jouer en face d’un public. De toute façon, pour moi dans le stand up, la seule façon de travailler et de savoir si son texte est pertinent est de le jouer devant un vrai public. Faire le plus de scènes ouvertes possibles, faire des comedy club, essayer de participer à des open mic même si c’est pour jouer 2 minutes. Ça permet au corps et à l’esprit de s’habituer à être sur scène, parce que c’est quelque chose de normalement anormal. Jouez, jouez, jouez, n’importe où et tout le temps.
On voit beaucoup d’humoristes utiliser les réseaux sociaux pour se faire connaître. Qu’en pensez-vous ?
D : C’est très bien ! À partir du moment où on a quelque chose à dire, peu importe la forme et la passerelle, tout est bon à prendre. S’il y a une possibilité et une envie de jouer des personnages, de faire de la chronique ou du commentaire d’actualité en se filmant pour Twitter, Instagram, Facebook ou TikTok c’est très bien. Le but est d’essayer de s’améliorer tout le temps et faire en sorte d’avoir des gens qui peuvent massivement aimer le travail que l’on propose. C’est très encourageant quelle que soit la proposition artistique.
Dédo présentera son one man show "Biafine" le mardi 28 février prochain à l'Européen. Pour en savoir plus sur le spectacle et tenter de gagner vos invitations, cliquez ici.
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